Ceci n’est pas une caisse

Carl D’Alvia

du 28/06 au 21/09/2014

« Ouvre la caisse » dit-il avec un curieux sourire.
« Comment ? Je n’ai pas de tournevis » réplique l’autre.
« Prends ça » en lui tendant la perceuse.
L’autre commença à percer.
« Non ! Dévisse les vises, bouffon ! »
« Euh…oui… d’accord », l’autre en commençant. Mais il ne pouvait pas les retirer, les vis n’etant pas réelles.

Les deux crétins de régisseurs s’étaient tous deux lourdements trompés. Ce n’était pas du tout une caisse. C’etait quelque chose en forme de zigzag, imitant le bois, une sculpture de David Smith rencontrant un tableau de Philip Guston. Les fausses têtes de vis et l’objet ne faisait qu’un, une structure de planches de bois assemblées comme une bande dessinée. Les noeuds, les rainures, le grain, les vis et les têtes de clous, incisés et dessinés précisément à la surface, étaient rassemblés en meuble vivant qui n’avait pas d’autre utilité que d’être. Comme une créature néolithique en bois, préservée, d’une époque lointaine, il était dans une parfaite animation suspendue.

Carl d’Alvia est un artiste américain d’origine italienne. Il a récemment reçu le Prix de Rome (2013/14) et durant cet été il expose au Musée di Ascoli Piceno (Galleria d’arte contemporanéa « O.Licini ») en Italie central. Carl travaille en deux et trois dimensions sur des figures modelées de différentes échelles, matériaux et couleurs. Même ses inspirations, Constantin Brancusi, Tony Smith, Carol Duham, Richard Artschwager ou Philip Guston peuvent rire de son travail, en raison de l’auto-dérision de l’oeuvre de Carl, en rapport direct avec l’histoire. Il mêle des questionnements d’ordres socio-économique, écologique et l’évolutionnaire du monde moderne, avec ses propres interrogations existentielles. Le travail de Carl suggère, mais n’impose pas, au spectateur de découvrir la profondeur du monde intérieur d’une figure couverte de couches fictives de plumes, de grain du bois, des cheveux, des écailles et de nouilles. L’absence de gestes évoquet une certaine relation incongrue à l’environnement,
mais l’oeuvre attire l’oeil des passants qui penetrent son espace et son humilité.

Plank, 2013
détail de la version en argile avant le moule
édition of 2 (une en resin, une en bronze)

Dimensions: 128 x 67 x 28 cm
Signee et date « D’Alvia 2013 »

Exposé: The Idea of Realism, American Academy of Rome (AAR Gallery), comissaire: Christian Caliandro et Carl D’Alvia

Literature: Caliandro, Christian. The Idea of Realism, American Academy of Rome (AAR Gallery) pp. 64-69 (ill)